Apprendre à manier son aérographe


Rédigé par Zenkuro le Samedi 12 Mai 2007 à 12:45 | Lu 243012 commentaire(s)



Dans ce sujet, nous allons apprendre à nous servir d'un aérographe grâce à quelques exercices qui permettent d'appréhender les principes de la peinture à l'aéro.

Et avant toute chose, travaillez dans un endroit bien aéré car n'oubliez jamais que l'on travaille avec des produits nocif !

I. Principe de fonctionnement

1. maniement de la gâchette

Sur un aéro double action, la gâchette permet de contrôler indépendamment les débits d'air et de peinture.

En appuyant verticalement sur la gâchette, on actionne le débit d'air. La gâchette actionne en effet un piston relié à la valve d'arrivée d'air, augmentant le débit d'air de l'aéro proportionnellement à la pression exercée. Plus on appuie, plus le débit d'air est fort.

En tirant horizontalement la gâchette, on actionne le débit de peinture. La gâchette est reliée à l'aiguille qui bouche l'arrivée de peinture du récipient. En tirant a gâchette, on tire l'aiguille qui libère la peinture, proportionnellement à la pression exercée. Plus on tire, plus il y a de peinture qui sort.

2. La dilution de la peinture

Nous allons parler ici de la peinture acrylique telle que la Tamiya ou la Gunze Aqueous/ Mr Hobby Color. Il est préférable de travailler avec des pots neufs. La peinture s'altérant avec le temps, on peut avoir de mauvaises surprise en utilisant de la peinture que l'on a entamée il y a longtemps (mauvaise accroche, écaillement, couleur qui vire..).

La dilution est un point essentiel car de elle dépend la qualité de la peinture. La peinture acrylique se dilue soit avec du diluant officiel : Tamiya X-20A pour la peinture Tamiya, Mr Hobby Color Thinner pour la Gunze Aqueous/Mr Hobby Color, soit avec le diluant Tamiya X-20A, soit, beaucoup plus économique et aussi efficace, avec de l'alcool à brûler 90°. L'alcool à 70° marche très bien aussi, séchant même moins vite que l'alcool à 90°. Les proportions sont simples : avec de l'alcool, une dilution de 50-50 fonctionne bien et est facile à appliquer. D'un pot neuf on peut ainsi faire deux pots. Par contre avec du diluant officiel les proportions sont de 1 de diluant pour deux de peinture. Enfin, le rendu final est plus fin avec le diluant officiel qu'avec l'alcool.

Personnellement je laisse plusieurs pots de peintures vides tremper dans un bocal rempli d'alcool à brûler pour les nettoyer facilement en les rinçant quand j'en ai besoin pour des mélanges ou comme ici pour diluer un pot neuf. Je vide donc la moitié d'un pot neuf dans un pot vide, et je rajoute autant d'alcool. J'utilise un cure-dent pour guider par capillarité le liquide dans le pot, ça évite d'en mettre partout. Il faut ensuite bien mélanger le tout.

- Une peinture bien diluée se pulvérise facilement, a un rendu lisse, accroche bien mais nécessite plusieurs passages pour parfaitement couvrir une pièce.
- Une peinture non diluée aura du mal à être pulvérisée avec une buse de 0.2mm, risquant de boucher l'aéro (mais passe bien avec une buse de 0.4mm), a un meilleur pouvoir couvrant mais donnera au final un rendu granuleux.
- Une peinture trop diluée est trop liquide, n'accroche pas, ne couvre pas et fait des auréoles.

Les problèmes que l'on peut rencontrer :

- 1 : le jet tel qu'il doit être : propre et régulier
- 2 : création de flaques et de coulures : aérographe trop proche de la surface ou débit de peinture trop élevé. Si la distance et le débit sont bon, la peinture peut être trop diluée.
- 3 : crachoties : la peinture est trop épaisse, elle a pu commencer à sécher si elle est depuis un petit moment dans l'aéro (surtout si elle est diluée à l'alcool à 90°), l'aérographe est bouché… il faut dans tous les cas nettoyer l'aéro.


3. la pression du compresseur

En maquettisme on travaille essentiellement entre 1 et 1.5 bars (environ 14 et 22 psi).


II. Exercices pour apprendre les principes de la peinture avec un aérographe double action

1.Apprendre à positionner son aérographe

Sur une feuille de papier tracez un quadrillage de points. Tenez votre aéro à 1 cm de la feuille et faites des points de peinture sur les points que vous avez tracez.
Si vous tenez l'aérographe trop prés ou que vous tirez trop sur la gâchette, des flaques apparaîtront. Le but est ici d'apprendre à viser avec son aéro et de commencer à maîtriser les débits. Evitez donc les flaques et entraînez-vous à faire des points propres de la taille que vous désirez.

2. Eviter les pâtés aux points de départ et d'arrivée

Nous allons à présent tracer des lignes droites fines. Le but est d'éviter de faire des taches au départ et à la fin de la ligne. En effet si l'on envoie de la peinture dés le départ, se forme une tache du fait du décalage de vitesse entre la main et le jet de peinture. Cela crée une accumulation de peinture au point de départ. Le même phénomène se produit lorsque l'on arrête la ligne.
Pour éviter ce phénomène, il faut commencer à déplacer l'aérographe tout en projetant l'air avant le point où doit commencer la ligne, et envoyer la peinture lorsqu'on arrive sur le point de départ. Et inversement à la fin, on arrête la peinture mais on continue le mouvement et on arrête l'air plus loin.
Faites plusieurs lignes jusqu'à maîtriser ce principe. Vous éviterez ainsi de faire des pâtés.

3. Contrôler la distance et les débits

La distance de l'aéro par rapport à la cible est essentielle :
- de prés le trait est fin et net
- de loin le trait est large et flou
De plus lorsqu'on éloigne l'aéro sans modifier les débits, le trait s'éclaircit. Pour faire un trait large et opaque, il faut donc augmenter proportionnellement les débits d'air et de peinture en même temps que l'on éloigne l'aéro. Sans envoyer trop de produit ce qui crée des flaques et des coulures.
Entraînez vous en faisant des lignes fine au départ et large à la fin, en variant les débits. Cela vous permettra de maîtriser les concepts de distance et de débit.

4. Travailler la précision des traits

À présent nous allons refaire un quadrillage de points au crayon. Faites des traits les plus petits possibles à l'aéro par-dessus, puis reliez les points avec des lignes les plus régulières possible. Ça vous permettra de développer votre habileté et de revoir les principes précédents.

5. Maîtriser les voiles de peinture

Les variations de débits offrent la possibilité de faire des voiles de peintures très légers. C'est un point essentiel de la peinture à l'aérographe, et qui est fréquemment utilisé en maquettisme pour réaliser divers effets, dont le dégradé. Nous allons donc réaliser un dégradé uniquement avec des voiles de la même couleur de peinture pour apprendre à maîtriser les voiles.
Faites tout d'abord un carré avec de la bande adhésive. Puis avec un mouvement souple du poignet de gauche à droite et de droite à gauche, projetez un très léger voile sur toute la surface en opérant les changements de direction à l'extérieur du cadre. Ceci permet d'éviter les accumulations de peinture à l'intérieure de la zone à peindre. Puis passez un autre voile un peu plus opaque en évitant cette fois de peindre le bas de la zone. Recommencez avec un voile plus épais encore en ne peignant cette fois que le tiers supérieur. Et terminez avec un voile très opaque tout en haut de la zone.
Retirez les bandes caches et admirez votre dégradé ! Celui-ci a été réalisé avec une seule couleur, mais en variant d'un voile à l'autre la distance et le débit de peinture.

Voilà pour les grands principes de peinture à l'aéro. Nous verrons lors de la réalisation de la maquette les techniques plus particulières au maquettisme dont notamment les dégradés grâce au post et au preshading. Mais déjà grâce à ces exercices de bases vous serez en mesure de bien maîtriser votre outil et surtout de bien assimiler son fonctionnement.


III. Le nettoyage de l'aérographe

1. un passage obligé

Le nettoyage n'est pas le moment le plus exaltant de la peinture à l'aéro, mais c'est hélas un point essentiel qu'il faut réaliser à chaque fin d'utilisation, voir régulièrement lors des longues sessions durant laquelle la peinture peut sécher dans le corps. Un bon nettoyage assure un jet propre et garantie une longue durée de vie à votre aéro.

2. Procédure

A la fin de l'utilisation, commencez par vider le godet de la peinture inutilisée puis vaporisez ce qui reste dans le corps. Faite un premier nettoyage du godet et de la cavité d'où s'écoule la peinture avec un coton tige imbibé d'alcool. Remplissez le godet d'alcool et faites un gargarisme en bouchant la sortie de l'aéro avec votre doigt et en actionnant la gâchette pour faire ressortir l'air par le godet. Ceci aide au décrassage. Puis vaporisez l'alcool.


Ensuite démontez le chapeau de buse, la buse, le godet s'il est amovible, dévissez l'aiguille et poussez la pour la faire sortir vers l'avant. Nettoyez parfaitement toutes les pièces et le corps à l'alcool avec un coton tige. Récurez bien dans tous les coins et recoins !

Vous pouvez vous servir de l'aiguille pour décrasser l'intérieur du corps et la buse. À déconseiller toutefois pour les aéros qui ne sont pas de grande marque car l'aiguille est souvent fragile. Vous pouvez aussi bien utiliser une mini brosse pour nettoyer entre les dents, qu'on trouve en supermarché au rayon brosse à dent. Faites attention à ne pas perdre de pièces, notamment la buse et les joints si votre aéro en a !

Lorsque toutes les pièces sont parfaitement propres, remontez l'aéro et pulvérisez à nouveau une dose de diluant.
Votre aérographe est comme neuf !


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